Depuis des années, bien avant que je connaisse mon mari, mon entourage m’incitait à faire le récit de ma vie que certains certains disaient pleine de trous ! C’est bien sûr une image mais existe-t-il une seule vie sans difficulté aucune de la naissance à la mort ? Les turbulences que je vais narrer concernent aussi des personnalités suisses que je n’ai jamais rencontrées. Je leur ai écrit, abondamment parfois, cherchant leur aide, proposant même de les rencontrer, mais en vain.
Des réponses à mes lettres, je n’en ai pas toujours eu, sinon je n’aurais rien à raconter. Le silence a attisé ma soif de justice mais aussi celle de comprendre ce qui se cache derrière la politique d’une petite commune d’un canton catholique de Suisse romande. Ses conseillers communaux et leur syndic1 n’ont sûrement pas lu CONTES DE FÉES POUR MANAGER de MARIO BONDANINI 2 qui décrit à merveille le contrat gagnant/gagnant que des partenaires peuvent passer entre eux. En ayant compris le principe, ceux qui détiennent le pouvoir peuvent en faire le levier de leur politique de développement ne favorisant ni ne lésant personne.
Notre aventure en terre fribourgeoise commence à l’automne 2004 en vue de notre retraite. Mon mari achète un mobil home entreposé sur un terrain loué au Caravaning résidentiel de La Faye à Attalens. En 2006, ayant reçu l’héritage légué par son père, il achète deux autres mobil homes sur des parcelles contigües à la première car notre arbre généalogique fait de nouvelles branches. Attirée par le terrain qui jouxte les derniers loués, j’achète en 2007 une petite caravane en bien triste état que l’un de nos enfants rénovera et notre campement deviendra le lieu de rencontre de notre famille et de nos amis qui apprécieront et l’endroit et l’accueil. Epoque
1) Dans les communes genevoises, pour la même fonction il se nomme maire, dans les communes valaisannes, il se nomme président et dans les communes vaudoises et fribourgeoises, il se nomme syndic.
2) ISBN 2-9700003-0-X Editions Melior, CH-1052 Le Mont-sur-Lausanne, 1990
révolue par la volonté d’un dirigeant pour raison personnelle.
Tristement chassés de notre paradis à Noël 2013 par une résiliation du bail de nos quatre parcelles, illégale selon notre compréhension de la loi, nous avons tenté de nous faire entendre par les autorités, sans succès, et la profonde controverse qui s’ensuivit n’est toujours pas réglée au printemps 2017. Nous saisirons le Tribunal fédéral d’ici à fin avril et, selon le résultat, nous pourrons passer l’entier dossier par pertes ou profits en oubliant ce triste épisode de notre feuilleton qui fera bientôt quatre décennies.
Nous regrettons le cadre idyllique du caravaning, en pleine nature mais à deux pas de toutes commodités ; nos petits-enfants, subitement privés de leurs joyeux séjours auprès de nous sans que nous puissions leur donner une seule raison valable le regrettent aussi. Ils habitent en Suisse romande ; Attalens est proche de chez eux mais Concarneau si loin ! Ils ne comprennent pas que nous n’ayons plus le droit d’aller dans nos petites maisons. A chaque saison, elles étaient plus confortables ; nos travaux n’étaient pas terminés lorsque nous avons été coupés dans notre élan.
Qui peut comprendre une telle violence ? Quelles lois régissent un caravaning résidentiel en Suisse pour donner un tel pouvoir discrétionnaire à son propriétaire et à son gestionnaire ?
Quel crime avons-nous commis à Attalens pour être expulsés et, dans la foulée, spoliés de nos biens par quelques traits de plume d’un avocat initiant notre rupture de bail au motif que nous étions chicaniers ?
Evidemment, si demander ses droits est chicanier, alors nous le fûmes. Mais comment qualifier ceux qui ont refusé de nous les accorder sous prétexte qu’ils détenaient le pouvoir ? Tortionnaires me semble convenir.
Fort de son premier succès en 2011, expulsant un couple par voie de justice, l’avocat récidivait naturellement en 2013 avec un second couple. Quoi de plus aisé pensait-il.
Une question insistante, même de nos proches, revient : "Mais enfin, qu’aviez-vous fait ?" Nous devons leur réexpliquer la genèse du conflit encore et encore. Leur esprit se refuse à intégrer l’histoire incohérente et qu’elle se passe en Suisse en fait ressortir l’incongruité. L’image d’Epinal du pays en sort bien écornée.
Les questions à poser seraient : "Quel droit avait le bailleur de vous faire tout perdre ?" ; "Quelle entité de contrôle est habilitée à demander des explications et des comptes à la commune et à sa société de développement ?" Aucune, selon nos recherches tous azimuts. Je n’ai même pas pu obtenir une copie du contrat officiel qui lie la commune, propriétaire du terrain, à sa société de développement, soi-disant gestionnaire.3
Ruinés par les conséquences financières de la spoliation de nos biens, nous n’avons plus les moyens de vivre en Suisse en résidence
3) Refus du Syndic du 07.01.15 de transmission du contrat de gestion du Caravaning –annexe 1-
secondaire comme nous le fîmes de façon équilibrée jusqu’en 2013, séjournant en alternance dans nos deux pays d’origine. A la mauvaise saison au bord de la mer, en France pour le plaisir de mon mari et à la belle saison en moyenne montagne, en Suisse pour le mien. Il est le marin breton dans l’âme de notre couple et j’en suis la montagnarde suisse de cœur !
Aucun de ceux qui ont causé notre drame ou l’ont permis n’en sort grandi. Considérant la vie comme un jeu de piste par exemple, les perdants ne sont en général pas prêts à accepter l’échec lorsqu’il y a eu tricherie et, pire encore, tricherie collective et persistante en haut lieu. C’est souvent après-coup qu’elle se fait jour et il est alors trop tard pour obtenir réparation.
Je ne capitule toutefois pas et me donne la mission de chercher encore, même dans l’ombre, pour tenter de comprendre l’enjeu d’une politique à caractère dictatorial dans un si paisible village. Ce n’est pas la menace d’un emprisonnement qui arrêtera ma quête de vérité.
Je lâcherai l’affaire après mon témoignage qui, je l’espère, me permettra de faire la paix avec moi-même et avec ceux qui nous font face. Pour cela, point besoin de tribunaux mais de l’honnêteté de chacun et de la transparence des autorités. Ce préambule invite ceux qui ont participé de près ou de loin à l’affaire à entamer leur examen de conscience. J’en ai dressé une liste non exhaustive et les absents m’en seront peut-être
reconnaissants car eux seuls connaissent leur participation à l’œuvre collective de destruction de notre projet.
En Bretagne dont je suis originaire et où je suis revenue vivre en 2012, une affaire remue encore les esprits. Il s’agit de la bien triste histoire d’un breton né en 1878, condamné au début du XXe siècle pour un crime qu’il a constamment dit n’avoir pas commis sans jamais avoir été entendu. Ruiné moralement et matériellement pour couvrir des gens en place qui lui ont fait endosser leur faute selon toute vraisemblance, sa vie et celle de ses proches a été une interminable suite de tristes épisodes dont le récit arrache à ses lecteurs des larmes de compassion mais leur donne aussi la nausée face aux décisions de justice.
Une quelconque erreur judiciaire n’a jamais été reconnue et son petit-fils Denis s’est senti, très jeune déjà, appelé à remettre en cause la justice qui a provoqué le destin tourmenté de son aïeul4 qu’il a connu et aimé à son retour du bagne en Guyane après plus de 20 années d’éloignement de sa terre natale dans d’effroyables conditions.
NOUS, LES SEZNEC est son témoignage. Une phrase fait particulièrement écho en moi : "A trois générations de distance, le même drame avait pris possession de nous. Ce n’était pas une énigme policière ni une croisade politique, simplement quelque chose d’invisible qui mobilisait vos pensées, toute votre énergie, tout ce qu’il y avait de bon et de mauvais en vous.
4) Article Ouest-France du 14 octobre 2016 –annexe 2–
Mauvais, je veux dire la colère qu’il faut rentrer, qui est du poison.5
Comment mieux décrire nos pensées depuis que notre projet de retraite tranquille a viré au drame en tournant court injustement le 24 décembre 2013 ? L’un de nos petits-enfants m’ayant entendu dire que j’écrirais un livre m’a spontanément tendu le dessin qu’il prévoyait pour le sien6. Il traite de la méchanceté et de la gentillesse.
Les adultes que nous sommes devenus ne sont-ils pas tous restés profondément des enfants ? Suivons-nous nos bons ou nos mauvais penchants ? Lorsque nous devons prendre parti au sein d’un groupe comme au temps des récréations, ne faisons-nous pas parfois alliance à contrecœur avec ceux que nous savons être mauvais, quitte à faire subir à d’autres les funestes effets de notre lâche choix. Ce phénomène s’appelle l’effet de groupe !
Une carte amicale7 illustre bien cette notion d’enfants éternels. Peut-être y sommes-nous plus sensibles en tant que retraités depuis quelques années déjà. Nous abordons le dernier temps de notre vie fait de fragilité naturelle comme le fut celui de notre enfance.
5) ISBN 9 782221 068502 Editions Robert Laffont, Paris 1992 Nous les Seznec, page 52
6) Gamin mécontent –annexe 3-
7) Lapin doudou bien usé qui a dû en recevoir des confidences et en donner des consolations ! –annexe 4-
Pour éviter à l’un de nos descendants de se charger peut-être un jour de la difficile -voire impossible- mission de faire réhabiliter notre mémoire, depuis des mois qui sont devenus des années, nous nous sommes efforcés de faire entendre notre voix. Eveillée, je rêve même d’une réhabilitation publique en assemblée extraordinaire de notre association cette année encore.
Nous souhaitons laisser à notre descendance la vision d’aïeux debout face à l’adversité.
Pour l’échéance de la mort inhérente à toute vie, qui pourrait faire un pronostic ? Notre vie est suspendue à un fil invisible extrêmement solide mais d’une fragilité déconcertante lorsqu’il se casse subitement. Les récentes statistiques nous donnent de nouveaux espoirs de longévité. Il suffit toutefois d’ouvrir un journal, de visiter un musée ou de parcourir un cimetière pour que la fragilité de la vie nous saute aux yeux quand ce n’est pas le départ d’un proche qui provoque immanquablement notre incrédulité.
Vu nos âges respectifs de 74 et 72 ans bientôt, me préparant à cette ultime échéance, j’aspire à ce que les choses soient clarifiées rapidement et que chacun des protagonistes, quel que soit son degré d’implication, y contribue et soit libéré lui aussi. Son acte de conscience lui apportera déjà la paix avec lui-même, en relation avec le rôle qu’il a pris volontairement ou qui lui a été assigné dans notre tragédie, et permettra de dénouer l’embrouillamini moral, financier et judiciaire provoqué par des gens sans
foi ni loi qui prennent pourtant la responsabilité de gouverner et de rendre la justice.
Sans état d’âme, je vais mettre en cause les personnes ayant touché au dossier ou refusé de s’impliquer, se réfugiant dans le silence ou, mieux encore, derrière le paravent de la neutralité suisse.
Un ami résident du caravaning a fait mieux, nous renvoyant un courrier accompagné d’un proverbe : "Qui sème le vent récolte la tempête". Vivant face à l’océan dont les coups de vents sont parfois si violents que nous ne pouvons pas aborder la corniche, nous apprécions pleinement. Dans leur plus forte expression, les coups de vent se transforment en dévastatrices tempêtes telle Zeus début mars dernier et peuvent même déferler sur la Suisse comme le fit Lothar après avoir traversé la France d’ouest en est en moins de temps qu’il ne nous en a jamais fallu pour le faire.
Arrivant à toute allure de l’ouest, Lothar avait soufflé le clocher de l’Eglise d’Attalens comme fétu de paille le 26 décembre 1999 lors de la messe. Grâce à Dieu, il n’y avait eu aucune victime. Grâce aux archives en ligne du MESSAGER, je produis un article8 intéressant faisant le bilan dix ans après la catastrophe.
Oui, notre ami résident avait raison mais je nuancerais : "Qui sème le vent peut récolter la renaissance" comme l’a si bien décrit Victorien Kissling.
8) Lothar, la renaissance des forêts –annexe 5-
Les épreuves ont parfois cette fonction.
Mon espoir est de cet ordre.
Je compte bien récolter la reconnaissance de l’injustice insensée commise par une caste dirigeante. Tous mes courriers y ont aspiré et je ne puis me résigner à croire que les responsables de notre profonde tragédie n’ont ni cœur ni conscience.
Meilleurs qu’ils ne le croient, ils le sont sûrement et je les invite à le découvrir pour faire la paix avec eux-mêmes et semer le bonheur autour d’eux sans partage. Il est toujours temps.
Je leur en veux de la souffrance de mon mari et de la tristesse de nos petits-enfants car elles sont l’illustration de toutes les misères que les médias véhiculent chaque jour à travers le vaste monde. Regardons donc à nos portes, la misère est parfois sur notre seuil suivant les pensées qui nous habitent et les actions que nous menons alors que nous le franchissons.
Aucune frontière pour la misère humaine qui sévit également dans les plus riches contrées.
Quant à moi, l’écriture m’a sauvée de jour comme de nuit et mon récit déploiera ses effets bien au-delà de ma mort ; c’est ma suprême consolation.